L’entretien vidéo de Derek Woolfenden a été réalisé au cinéma la Clef en novembre 2019
Il y a quelque chose de choquant dans cette histoire. A savoir, un comité d’entreprise qui se comporte comme n’importe quel propriétaire foncier. Nous serions devant un Bouygues ou tout autre investisseur, l’affaire serait entendue. Mais là, avec le comité d’entreprise de la Caisse d’épargne d’Ile-de-France, CECEIDF, on se serait attendu à une certaine éthique sociale. En tout cas c’est l’attitude que nous pourrions en attendre d’autant qu’il est dirigé par deux syndicats notoires. Et La CLEF n’est pas n’importe quel cinéma parisien. Il a en héritage la mouvance de 68. Né en 1973, la salle a survécu à nombre de séismes. Seul cinéma associatif de Paris, il est aujourd’hui par décision de justice hors-la-loi et peut être fermé à tout moment. A bord, les flibustiers hissent « Jolly Roger ». Ils savent qu’ils n’ont pas tirer leurs dernières salves. La résistance est montée d’un cran. L’association Home Cinéma qui gère l’établissement compte plus de 4 000 adhérents. Ce n’est pas rien. L’illégalité n’interdit pas de respirer et de découvrir des films rares tous les soirs à partir de 19h30. Respirer les images comme d’autres hument l’iode maritime… Cela fait un bien fou. La programmation établie par un collectif séduit un public nombreux dont une bonne partie du quartier. Pourtant, les trois coups sonnent le glas. Lever de rideau sur le dernier acte. Expulsable ! La sentence administrative et juridique est tombée. En résistance, ils ne sont que cinq en moyenne à dormir dans le cinéma. Une présence militante. Derek Woolfenden, pirate au large sourire et ses compagnons de bordée, fiers dans la justesse de leur combat, doivent penser à Moonfleet . « L’exercice a été profitable Monsieur » !