Entretien avec le réalisateur Alassane Diago pour son second long-métrage documentaire « Rencontrer mon père ». Le film est un battement de cœur. Un rythme qui a la lenteur cardiaque d’un coureur de fond. Alassane Diago nous offre le temps. Le bien le plus précieux du 7ème Art. Mains immobiles, visage de face, elle nous scrute. A peine un regard sur une photo datée, celle d’un homme. Son mari. Le père retrouvé, vieilli de vingt ans jouant avec ses deux téléphones portables. Long doigts expressifs, langage gestuel dans le refus de dire, d’expliquer le silence d’une si longue absence à son fils devenu réalisateur. La pluie, l’orage l’infime troupeau qui semble avoir plus d’importance que la famille. Oser filmer la distance qui sépare un père et son fils devenu cinéaste. Un monde entre le Sénégal et le Gabon. Le silence est dans la durée du film. Comme langage. Un autre temps, un autre continent. Ce second long-métrage (les larmes de l’émigration date de 2010- ) creuse le sillon de la mémoire, et de la compréhension. Il signe l’intime en toute connaissance de cause. Découvrir le film parce qu’il est rare.